21 juin 2005

« Je suis affamé de liberté. Et me saoule à la paresse. » Clément Pansaers [3]

Gravure de Clément Pansaers (Bar Nicanor, 1921)
Depuis peu, Clément Pansaers est souffrant, il se plaint auprès de ses correspondants (Tristan Tzara notamment) d’un mauvais état de santé et d’un « moral lamentable ». Malgré tout, un nouveau projet l’anime, qui ne verra cependant le jour qu’en novembre 1921. Durant cette période de souffrance et de difficultés matérielles, Pansaers continue d’écrire. Passionné par le taoïsme, il prépare une étude sur le philosophe Tchouang-Tseu. Source jusqu’à présent peu étudiée, le taoïsme serait en effet une des pierres de touche de son œuvre. Pansaers s’en explique à son médecin bruxellois, le docteur Willy Schuermans : « C’est de Tchouang-Tsi que je tiens partiellement mes principes - d’alogique, annulant complètement la logique, la psychologie, etc. des philosophies occidentales - et que j’applique dans mes romans et autres essais - et qu’on range parmi le Dada - alors qu’en réalité beaucoup des Dadas n’ont aucun critérium personnel - si ce n’est la réclame ! » A cette époque, Pansaers fréquente Ezra Pound, James Joyce, Jean Cocteau, Valéry Larbaud, Léon-Paul Fargue et Jean de Bosschère, qu’il apprécie particulièrement. Il peint aussi quelques toiles qu’il parvient à vendre. En septembre, il propose à Picabia de réaliser avec lui un numéro spécial de la revue Ça Ira ! qui paraît en novembre sous le titre « Dada, sa naissance, sa vie, sa mort » et pour lequel de nombreux collaborateurs se sont associés à Pansaers : Céline Arnauld, Jean Crotti, Paul Eluard, Pierre de Massot, Benjamin Péret, Francis Picabia, Ezra Pound et Georges Ribemont-Dessaignes. L’entourage de Pansaers, auquel ce dernier n’accorde plus beaucoup de sa confiance, lui suggère par ailleurs de concevoir un nouveau projet, intitulé « Bilboquet » et qui aurait réuni les signatures de Constantin Brancusi, Jean Cocteau, Marcel Duchamp, Ezra Pound, Igor Stravinski ... Pansaers n’aura le temps que de tracer les grandes lignes et l’aspect administratif de cette revue d’avant-garde. Malgré son mauvais état de santé, Pansaers assiste en février 1922 à une réunion, organisée à la Closerie des Lilas et opposant certains dadas parisiens (Tzara, Satie, Cocteau, Man Ray ...) à André Breton. Les lettres de Pansaers au docteur Schuermans se multiplient. Pansaers est au plus mal, il envisage le suicide. Le 21 avril, il est admis à l’hôpital de la Charité à Paris. Picabia, Cocteau et de Massot (ce dernier lui apporte son étude De Mallarmé à 391) rendent visite au malade atteint de lymphadénie aleucémique. Malgré l’extraction d’un ganglion suivi d’un traitement radiothérapique, le mal gagne. Pansaers décèdera le 31 octobre 1922 à l’âge de trente-sept ans. BIBLIOGRAPHIE Editions originales - Le Pan-Pan au Cul du Nu Nègre, éditions Alde, coll. AIO, Bruxelles, 1920. - Bar Nicanor, éditions A.I.O., Bruxelles, 1921. - L’Apologie de la paresse, éditions Ça Ira !, Anvers, 1921. Correspondance - Sur un aveugle mur blanc et autres textes, Lettres à Tzara et Picabia, édition de Marc Dachy, Transédition, Bruxelles, 1972. Rééditions - Bar Nicanor et autres textes dada, édition établie et présentée par Marc Dachy, Gérard Lébovici / Champ Libre, Paris, 1986. - L’Apologie de la paresse, éditions Allia, Paris, 1996. Rééditions en fac-similé - Le Pan-Pan au Cul du Nu Nègre, avec un avant-propos de Benjamin Hennot, Didier Devillez éditeur, coll. Fac-Similé, Bruxelles, 2002. - Bar Nicanor, avec un portrait de Crotte de Bique et de Couillandouille par eux-mêmes, avec un avant-propos de Benjamin Hennot, Didier Devillez éditeur, coll. Fac-Similé, Bruxelles, 2002. Revues et articles - « Meeting pansaerien », édouard Jaguer, Phases, n° 1, 1954. - Temps Mêlés. Parade pour Picabia /Pansaers, Verviers (Belgique), 1958. - « Sur Clément Pansaers », Marcel Lecomte, Synthèse, n° 161, octobre 1959 et « Le Suspens », Mercure de France, 1971. - Ça Ira !, collection complète (1920-1923), éditions Jacques Antoine, 1973. - Résurrection, cahiers mensuels littéraires illustrés, collection complète, 1917-1918, éditions Jacques Antoine, 1974.- « L’éternel retour du pan-pan au cul », Rossano Rossi, Textyles, n° 8, novembre 1991, pp. 29-37.

20 juin 2005

« Je suis affamé de liberté. Et me saoule à la paresse. » Clément Pansaers [2]

Extrait d'une lettre inédite de Clément Pansaers adressée à André Breton ©
Août 1920, Clément Pansaers séjourne à Paris pour quelques jours. Il rencontre alors Francis Picabia, qu’il recontacte en septembre pour lui soumettre un projet de manifestation dada à Bruxelles ainsi que le projet d’une maison d’édition dada. En raison des pourparlers engagés par les dadas parisiens (qui inviter, qui écarter de cette manifestation bruxelloise ?), ces deux projets n’aboutiront pas. Pour Pansaers, 1920 s’achève dans la déception, d’autant que Jean Paulhan vient de lui adresser une lettre dans laquelle il lui fait part de son refus de publier son Lamprido, un « roman » composé à partir de "Je Blennhorragie" : « (...) je ne me sens pas encore suffisamment fixé sur le sens et la portée que vous avez pensé donner à cette œuvre pour pouvoir l’accueillir dans la Nouvelle Revue française. » Début 1921, Pansaers fait partie des signataires du tract « Dada soulève tout » rédigé à l’encontre du futuriste Marinetti et plus particulièrement de sa conférence sur le tactilisme, prononcée en janvier au Théâtre de l’Œuvre à Paris et publiée le même mois dans Comœdia. Picabia se chargera de rappeler à Marinetti, dans un article également publié dans Comœdia, l’antériorité du tactilisme « inventé à New York, en 1916, par Miss Clifford-Williams. » Annoncé dans les premiers jours de février par la revue belge Ça Ira !, Bar Nicanor (avec un portrait de crotte de bique et de couillandouille par eux-mêmes) est publié le 15 février 1921 aux éditions A.I.O. Tiré à trois cent cinq exemplaires, ce volume d’une cinquantaine de pages est imprimé en caractères sépia sur un papier orange. Le soin apporté à la mise en page (celle-ci est rythmée par une étroite colonne de texte distribuée à gauche, à droite ou au centre des folios) ainsi qu’à la typographie font de Bar Nicanor une des plus étonnantes publications dada. Les pérégrinations qu’accomplissent Crotte de Bique et Couillandouille, à travers des dancings où l’on boit force alcools (gin, whisky, grappa, kirsch, anis, absinthe, vodka, brandy, Triple-sec, Cointreau, marasquin, Bénédictine, Grand Marnier ...) et dans lesquels on danse au rythme du fox-trot, du jazz ou du ragtime, constituent la toile de fond sur laquelle Pansaers donnera libre cours à son improvisation, convoquant tour à tour jeux de mots et onomatopées ou encore des termes anglo-saxons qui firent florès à cette époque où l’Amérique faisait encore rêver. En ce mois de février 1921, la prose jubilatoire de Pansaers semble se situer aux antipodes de sa situation personnelle : dans une lettre adressée à Valéry Larbaud, le poète annonce qu’il a tout perdu à la bourse et qu’il envisage de partir pour Haïti ou la Chine. Une velléité d’exotisme, car Pansaers poursuit son travail et achève le 20 mars un texte intitulé "Point d’orgue programmatique pour jeune orang-outang". Fin avril, Pansaers s’installe à Paris. Le soir du 25, au Certà, éclate la fameuse « affaire du portefeuille » qui va diviser les dadas parisiens et participer à la décomposition de leur mouvement. La polémique opposera notamment Pansaers à André Breton, ce dernier étant partisan de conserver le portefeuille, avançant qu’il n’a pas mangé depuis plusieurs jours. Finalement, Paul Eluard remettra le lendemain l’objet trouvé à son propriétaire. Les arguments de Pansaers, relatant la discorde à Francis Picabia et lui annonçant son désir de se retirer du groupe, furent suffisamment convaincants car l’auteur de Jésus-Christ rastaquouère suivit Pansaers dans sa décision. Trois mois plus tard, Pansaers publiera dans Le Pilhaou Thibaou (juillet 1921) « Une Bombe déconfiture aux Iles sous le vent », un texte dans lequel Breton est dépeint sous les traits d’un « professeur platonicien - gonflé au pourpre violet de l’excommunication. »

[…]

19 juin 2005

A maman et à papa, tendrement, Pierre de Massot, 1926 [3]

Pierre de Massot à Pontcharra (1928)

Comme le fit Jacques Rigaut, de Massot s’adonne, en ces années trente, à diverses drogues (héroïne, morphine, cocaïne, opium, éther, haschich) ainsi qu’à l’alcool, en dépit d’une santé déjà fragile. Quelques tentatives de désintoxication ne viendront pas à bout de ce tempérament excessif et foncièrement désespéré. De Massot consignera son quotidien tourmenté dans les pages de son « Cahier noir », un journal qui reste inédit à ce jour. Malgré le soutien de sa compagne Robbie (de son vrai nom Eliga Helen Stewart Robertson, une jeune femme écossaise que lui présenta Man Ray en 1922), de Massot ne rencontre que peu de répit dans son existence contrainte par une situation financière qui désormais ne s’améliorera plus. Le couple entreprendra quelques voyages au terme desquels il se séparera. Ils auront un fils, Pierre-François, né en avril 1932. Robbie (qui dut ce surnom à Marcel Duchamp) quittera de Massot quelques mois pour vivre une aventure avec une amie commune. Malgré cette relation difficile, parfois déchirante, de Massot et Robbie se marient en juillet 1928, année où paraît Soliloque de Nausicaa, illustré de cinq dessins de Jean Cocteau qui, quelques années auparavant, lui fit part de son soutien : « J’affirme n’avoir jamais vu en toi un petit provincial que tout écorche mais un cœur adorable que tous essayent de durcir. Ce n’est pas pareil. » Le couple restera lié, sans toutefois mener une vie commune, jusqu’à la mort de Robbie survenue à la fin du mois d’août 1951.

Les années trente marquent la prise de distance du poète avec les mouvements littéraires et en particulier avec le surréalisme. Resté proche d’André Breton, le « déserteur » de Massot passe par une période d’introspection qui verra naître deux textes autobiographiques : Billy, bull-dog et philosophe, ou Prolégomènes à une éthique sans métaphysique, paraît en 1930, et Mon corps, ce doux démon, « écrit en 1932 à bord de L’Horizon », le yacht de Francis Picabia ancré dans le port d’Antibes si l’on s’en tient à la précision de l’achever d’imprimer de l’ouvrage qui ne sera publié qu’en 1959 et dans lequel il relate sa bisexualité : « La plupart des mes amies sont, pour employer la terminologie de Marcel Proust, gommorhéennes (...) Je recherche (...) toujours l’amitié des invertis des deux sexes, quelle que soit la classe sociale à laquelle ils appartiennent, pour ce qu’ils bénéficient d’une intelligence et d’une sensibilité extrêmement aiguës, et que la liberté pour eux n’est pas un vain mot. Aussi quelle joie lorsque Robbie, notre intimité tout à fait établie, m’avoua des goûts des préférences identiques aux miennes, et aux miens, et fortement, son propre sexe. Cette dernière déclaration m’enchantait : on admettra que dès lors je misse tout en œuvre pour la concrétiser. » Ces deux derniers textes mis à part (les plus longs de l’ensemble de son œuvre), l’activité littéraire de Pierre de Massot se ralentit notablement. Son étude sur le music-hall, Jolies poupées, semble marquer une pause dans sa production littéraire en cette année 1931, où il écrit « Le déserteur », un poème qui paraîtra dans le n° 3 de la revue Orbes (première série, printemps 1932) dirigée par Jacques-Henry Lévesque et Olivier de Carné. La seconde série d’Orbes accueille ses notes de lecture, parmi lesquels figure sa recension (Orbes n° 2, été 1933) de L’Opposition et les cases conjuguées sont réconciliées, un traité d’échecs que Marcel Duchamp et Vitaly Halberstadt ont publié sen 1932. Cet article lui donne l’occasion de signaler la prochaine parution de la Boîte verte de Duchamp : « J’attends avec impatience le nouveau livre que prépare Marcel Duchamp [...] qui n’a pas fini de nous étonner et d’exciter notre émerveillement et notre admiration ». Le n° 4 et dernier de cette seconde série d’Orbes (été 1935) réunira une fois encore les noms de Duchamp (qui illustre la quatrième de couverture avec Témoins oculistes, un dessin réalisé sur papier carbone en 1920) et de Massot, qui publie sa note de lecture consacrée à la Boîte verte : « Je considère [...] que l’importance de ce livre est [...] analogue à celle des « Illuminations » et des « Champs de Maldoror ». Je prévois déjà ses scoliastes futurs, d’innombrables exégètes à venir et les thèses qu’il suscitera. Je suis certain d’être bon prophète. Je n’en veux aujourd’hui pour garantie que les rires à contre-sens et l’incompréhension totale du plus grand nombre ». Par ailleurs, ses activités politiques deviennent plus soutenues et sa collaboration sous forme d’articles ne se limite plus aux seules colonnes de L’Humanité. Des organes proches du P.C.F. accueillent ses prises de position que la guerre, pendant laquelle il rejoint les rangs des F.T.P., n’aura fait qu’exacerber plus encore. Dès lors, de Massot sera de tous les combats et signera un bon nombre de manifestes antifascistes à partir de 1946. Contre le régime de Tsaldaris en Grèce, contre la guerre du Vietnam en 1949, contre la signature du Pacte des Cinq en 1951. Il militera également pour la libération du poète turc Nazim Hikmet en 1950, pour celle d’Henri Martin en 1953 et de Messali Hadj en 1954. Seuls les évènements de Hongrie, après lesquels il démissionnera aussitôt du P.C.F. en 1956, mettront un frein à son militantisme. L’après-guerre, durant laquelle, de 1947 à 1958, il travaille en qualité de rédacteur pour Paramount Pictures, n’aura laissé que peu de place à la poésie et à la littérature. En 1945, paraissent 5 poëmes, un recueil tiré à trente exemplaires, dédié à Marcel Duchamp et comportant un portrait de l’auteur par Francis Picabia ; en 1949, une autre plaquette hors commerce, Orestie ; en 1954, Mot clé des Mensonges ; en 1955, Galets abandonnés sur la plage, dédié à Georges Auric et comportant une eau-forte de Jacques Villon. Les Nouvelles littéraires continuent de publier ses articles mais sa situation matérielle demeure des plus précaires. Jean Cocteau, André Gide, Jacques Maritain et Marcel Duchamp lui viennent en aide. En 1961, année où de Massot passe plusieurs mois au sanatorium d’Assy en raison de sa santé de plus en plus mauvaise, une vente de solidarité est organisée en sa faveur, et en celle de Georges Bataille, à l’Hôtel Drouot. A cette occasion, Zadkine, Duchamp, Arp et Villon font don de quelques unes de leurs œuvres. La participation financière de ses amis lui permettra la même année de publier Le Mystère des Maux, un recueil regroupant la majeure partie de ses poèmes. L’épigraphe de Francis Scott Fitzgerald, issue d’une des plus terribles nouvelles de l’écrivain américain (La Fêlure, 1945), que Pierre de Massot inscrit en exergue d’un de ses derniers textes (Marcel Duchamp, Propos et souvenirs, 1965) ne laisse aucun doute quant à la clairvoyance du poète au regard de son état de santé : « Toute vie est l’histoire d’un processus de destruction. » A seule fin d’augmenter ses droits d’auteur, le galeriste et éditeur Arturo Schwarz prévit pour l’édition de ce portrait-souvenir aux accents souvent nostalgiques, un tirage de tête agrémenté d’un ready-made de Marcel Duchamp (L.H.O.O.Q.) . Deux autres figures majeures des années dada, du temps de 391, du Bœuf sur le toit et des premières amitiés, seront les sujets des deux derniers livres de Pierre de Massot : Francis Picabia, une monographie publiée en 1966, et André Breton ou Le Septembriseur, publié en 1967. Cependant, l’état de Pierre de Massot ne fait que s’aggraver. Peu après la mort d’André Breton, il doit affronter une sévère dépression qui l’oblige à une hospitalisation de plusieurs mois. Dès lors, de Massot ne quitte plus Paris, où, rue Dauphine, il partage une chambre meublée dans un hôtel des plus modestes avec sa dernière compagne, Micheline Kunosi. C’est dans le plus complet dénuement que Pierre de Massot déserte définitivement la vie le 3 janvier 1969. BIBLIOGRAPHIE - De Mallarmé à 391, Au Bel Exemplaire, Saint-Raphaël, s.d. [1922]. - Essai de Critique Théâtrale, Paris, hors commerce, s.d. [1922]. - The Wonderful Book. Reflections on Rrose Sélavy, Paris, hors commerce, s.d. [1924]. - Parisys ou Sans dessous de Soie, Paris, hors commerce, 1925. - Saint-Just ou Le divin bourreau, Paris, hors commerce, 1925. - Etienne Marcel prévôt des marchands, Paris, hors commerce, 1927. - Soliloque de Nausicaa, Paris, hors commerce, 1928. - Prison de soie, Paris, les éditions de Paris, Coll. Les Images de Paris, n°1, 1930. - Prolégomènes à une éthique sans Métaphysique ou Billy, bull-dog et philosophe, Paris, éditions de la Montagne, 1930. - Fleurs des champs, Paris, les éditions de Paris, Coll. Les Images de Paris, 1930. - Jolies poupées, étude sur le music-hall, Paris, les éditions de Paris, Coll. Les Images de Paris, 1931. - Mots clé des mensonges, Paris, hors commerce, 1954. - Galets abandonnés sur la plage, Alès, PAB, 1958. - Tiré à quatre épingles, Alès, PAB, 1959. - Mon corps, ce doux démon, s.l.n.d. [Alès, PAB, 1959]. - Oui, lettres d’Erik Satie adressées à Pierre de Massot, Alès, PAB, 1960. - Le mystère des maux, Paris, hors commerce, 1961. - Marcel Duchamp, Propos et souvenirs, Milan, chez Arturo Schwarz, 1965. - Francis Picabia, Paris, Seghers, Coll. Poètes d’aujourd’hui, 1966. - André Breton ou Le Septembriseur, Paris, Eric Losfeld, Le Terrain Vague, 1967. - Le déserteur, Œuvre poétique 1923-1969, poèmes rassemblés et présentés par Gérard Pfister, Paris, Arfuyen, 1992. - Etude sur Pierre de Massot (1900-1969), thèse de doctorat inédite soutenue par Gérard Pfister à l’Université de Paris IV-Sorbone, 1975. - Dossier Pierre de Massot (articles et documents inédits, correspondance, bibliographie) in Etant donné Marcel Duchamp, n° 2, A.E.M.D. et éd. Liard, Baby, 2000, pp. 52-176.

17 juin 2005

« Je suis affamé de liberté. Et me saoule à la paresse. » Clément Pansaers [1]

Couillandouille / et Crotte de Bique / en tournée 270e de / Saoulographie ( ... ) Pic me up / sucer toute la Californie / à la paille : assurément, il faut aller chercher du côté de chez Kurt Schwitters (Anna Blume, 1919) ou encore chez Melchior Vischer (Transcerveau express, 1920), pour trouver un esprit aussi singulier que celui de Clément Pansaers, auteur de ces lignes issues de Bar Nicanor (1921). Véritable apax dans le paysage dada, l’œuvre de Clément Pansaers demeure aujourd’hui encore d’une incisive fraîcheur d’esprit. « Les mots sans rides » 1 pourraient aisément qualifier ce corpus à qui Dada doit beaucoup mais qui en revanche n’a guère contracté de dettes à l’égard de ce dernier. Les « purs dadaïstes » avaient une longueur d’avance sur Dada, qu’ils servirent pour s’amuser avant de passer à autre chose. Clément Pansaers fut de ceux-ci, à cette notable différence qu’il n’eut pas beaucoup de temps devant lui. C'est dans la province du Brabant flamand, à Neerwinden, que naît Clément Pansaers le 1er mai 1895. Ses parents le destinent aux ordres dès l’âge de dix ans. Il ne quittera le séminaire qu'à l'âge de vingt et un ans, échappant de justesse à son ordonnancement de sous-diacre. Dans un texte autobiographique encore inédit à ce jour, Pansaers commente la conséquence de sa défroque : « Ma mère, bigote accomplie [...] m'envoya aussitôt sa bulle d'excommunication et défense formelle de rentrer à tout jamais chez elle. Je ne fus plus son fils et là-dessus je tombai dans la vie comme dans le vide. » Quelque six années après son mariage (en octobre 1907) avec Marie Robbeets, Clément Pansaers trouve un emploi à la Bibliothèque Royale de Belgique, à Bruxelles, un poste qu'il occupe de mai 1913 à septembre 1914. C'est également dans la capitale belge que Pansaers rencontre Carl Einstein, dont il devient l'un des proches et dont il traduira deux des trois premiers chapitres de Bébuquin ou les dilettantes du miracle, paru en 1913. L'auteur de Negerplastik (1915) et Pansaers prendront part activement, en novembre 1918, au soulèvement des soldats-ouvriers à Bruxelles. Début 1917, alors qu'il travaille à la réalisation du premier numéro de la revue Résurrection (il en dirigera les six livraisons entre décembre 1917 et mai 1918), Pansaers rédige L'Apologie de la paresse, dont un extrait paraît, début mai, dans la revue Haro, avant d'être publié aux Editions Ça Ira ! en juillet 1921, mois où naît son fils, Clément Claus. Conçu sous la forme d’un questionnaire (« … Tu t'obstines ? La paresse est la grande volonté qui tourne le ciel et la terre ! »), L'Apologie de la paresse porte déjà en germe les accents dada du Pan-Pan au Cul du Nu Nègre et de Bar Nicanor : « Saveur ? Enorme. Saveurs royales, impériales, extra-dry (…) » En 1919, par le biais d'un revue anglaise (Infinito), Pansaers découvre l'existence de Dada. Dans une lettre du 8 décembre 1919, il s'adresse à Tristan Tzara pour lui proposer sa collaboration à la revue Dada (« … [qui] s'apparente à ma conception poétique et artistique ») que dirige le poète roumain. Tzara compte alors Pansaers parmi la longue liste des « Présidents Dada », figurant dans le Bulletin Dada n° 6 (mars 1920), lequel précise par ailleurs que « Tous les membres du Mouvement Dada sont présidents » et que « Tout le monde est directeur du Mouvement Dada. » L’esprit dada de Pansaers ne témoigne pas moins d’une pertinence rare quant à l’immédiate situation de l’après-guerre qui laisse l’Europe exsangue et la relève des jeunes esprits désabusée. La revue Les Humbles (n° 9-10 de janvier-février 1920) fait place à une analyse de Pansaers sous le titre « Orangoutangisme », un article qui ne laisse pas de nous étonner au regard de sa clairvoyance sans appel : « La guerre n’a donc pas assez massacré, puisque l’après-guerre organise méthodiquement le commerce du massacre. L’industrie de l’idée est systématisée. Le commerce de la parole en est le succédané. (...) Le chaos n’est pas né de la guerre. Du chaos de l’avant-guerre naquit la muflerie de la spécialisation,qui enfanta, en séries, les abstractions telles que : jésuitisme, industrialisme, intellectualisme et mille autres idéologismes corrupteurs (...) Fallait-il que cette succession d’idéologies, avec leurs multiples subdivisions de logique, critique, psychologique, artistique et autres morales scientifiques pour déterminer la place du ventre dans ce monde (...) Toute révolte avorte dans l’abondance. »

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1 « Les mots sans rides », article d’André Breton paru dans Littérature, n° 7, décembre 1922, pp. 12-14.

16 juin 2005

A maman et à papa, tendrement, Pierre de Massot, 1926 [2]

Pierre de Massot et Robbie, Deauville, août 1925
Peu rémunératrices, les activités de Pierre de Massot le contraignent, en 1922, à quitter la capitale et à rejoindre Pontcharra. Une fois de plus, Picabia lui viendra en aide en lui proposant de remplir le rôle, au printemps 1922, de précepteur auprès de ses deux filles habitant avec leur mère, Gabrielle Buffet. L’épisode sera bref et de Massot finira par regagner Paris où il travaillera dans une librairie. Il y fera notamment la connaissance, entre autres acteurs du mouvement dada, de Tristan Tzara. A cette époque, de Massot prend la défense de Picabia, vivement attaqué par la critique à la suite de ses envois au Salon des Indépendants et au Salon d’Automne, en particulier à cause de ses toiles La Nuit espagnole et La Feuille de vigne. Faisant imprimer et distribuer un tract à la porte du Salon d’Automne, la défense de Pierre de Massot s’exprima sur un ton tout empreint des frasques dadaïstes : « Moi, Pierre de Massot, jeune homme idiot, provincial, sentimental, arriviste, opportuniste et sans avenir, j’affirme que vous seuls, charmants artistes, êtes encore persuadés que Francis Picabia se fout du monde [...] » Mais la liberté dada, apparemment, avait des limites pour certains, en l’occurrence pour le puritain André Breton. Lors de la soirée du Coeur à Barbe, qui se tint le 6 juillet 1923, de Massot lut une déclaration qui déplut fortement au chef d’orchestre de Littérature : « André Gide, mort au champ d’honneur, Pablo Picasso, mort au champ d’honneur [...].» Prenant la défense de Picasso, alors sur les lieux, Breton monta sur scène et ordonna à de Massot de quitter la salle. Devant le refus du jeune homme, maintenu de part et d’autre par les solidaires Robert Desnos et Benjamin Péret, Breton asséna un coup de canne à de Massot et lui fractura le bras, ce qui ne l’empêcha pas de terminer sa lecture après l’évacuation par la police de l’outragé et de ses sbires. Autre amitié d’importance, celle de Marcel Duchamp, dont il acquit plusieurs de ses œuvres au cours de sa vie et auquel il consacrera, en 1948, un article le présentant sous les traits les plus élogieux qui soient : « Tout de suite, j’admirais ce visage, cet admirable profil d’une pureté sans égale, cette élégance souveraine dans la vêture, les gestes, le parler, cette espèce de dandysme hautain que tempérait la gentillesse la plus exquise. Et ce rire silencieux aussi qui coupait le souffle aux pédants. » [« Esquisse pour un portrait à venir de Marcel Duchamp », Le Journal des Poètes]. En 1924, deux ans après son Essai de Critique Théâtrale, qu’il dédie à Germaine Everling et que préface Francis Picabia, de Massot publie un ouvrage pour le moins laconique consacré au père du ready-made et intitulé The Wonderful Book. Reflections on Rrose Sélavy : hormis une courte Introduction « Par une femme sans importance » (écrite par De Massot lui-même), cette publication se résume aux douze pages d’un agenda ne comportant que les mois de l’année. Marcel Raval chroniquera cette publication atypique dans le numéro 36 de la revue Les Feuilles Libres (mars-juin 1924) : « The Wonderful Book est un livre blanc, mais de cette blancheur par laquelle s’exprime un malaise, un manque de foi. Pierre de Massot, par ironie, observe deux minutes de silence pour tous ceux qui ne le feront jamais. » Un « manque de foi », ou un geste dada se jouant des limites traditionnelles imparties au livre et que le lecteur retrouve après le rappel des ouvrages publiés « du même auteur » : à paraître : Rien. Poursuivant une activité qui débuta dans Comœdia en 1920, de Massot continue de publier des articles ou des poèmes dans les nombreuses revues de l’époque. Son nom apparaît en effet aux côtés de ceux de Philippe Soupault, Serge Charchoune et Kurt Schwitters dans le troisième numéro de Manomètre (août 1923) ; dans Les Feuilles libres en 1923 et 1924; dans La Révolution surréaliste en 1929 où il fait partie des signataires du manifeste « La révolution d’abord et toujours ! », etc. Du 6 juin au 8 juillet 1929, loin de ses premières contributions dada dans 391, de Massot livre 33 épisodes d’un « récit paysan » à L’Humanité (De Père inconnu). Le choix de ce dernier quotidien comme support ne fut pas l’effet du hasard : les aspirations politiques de Massot l’amenèrent effectivement, à l’approche de la guerre, à devenir un militant actif du Parti Communiste Français, avant de consacrer ses dernières forces vives, à la fin des années cinquante, à des groupes d’extrême gauche d’obédience trotskiste. 1929 est une année noire pour le poète : le 8 novembre, il apprend le suicide de son ami Jacques Rigaut. L’auteur de l’« Agence Générale du Suicide » venait de mettre fin à ses jours avec le revolver qu’il lui avait remis quelques jours plus tôt. Si les textes des deux hommes diffèrent en bien des points d’un point de vue littéraire, une sensibilité commune, et peu commentée jusqu’à présent, les apparente. Pour ces poètes en quête d’absolu, qui ne firent que peu de concessions dans leur existence en définitive peu heureuse, Dada ne fut qu’un épiphénomène, un support fragile pour deux personnalités extrêmes ayant adopté la posture du dandy en pur désespoir de cause.

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15 juin 2005

A maman et à papa, tendrement, Pierre de Massot, 1926 [1]

Pierre de Massot par Berenice Abbott ©

Pierre de Massot naît à Lyon le 10 avril 1900. Il est le sixième enfant du comte et de la comtesse de Massot de Lafond. En dépit de ses origines aristocratiques, la famille de Massot est sans fortune. Quand son père prend sa retraite (il est alors économe à l’Hôtel-Dieu de Lyon), la famille s’installe dans une petite ville du Rhône, Pontcharra-sur-Turdine. Faisant preuve d’excellentes dispositions littéraires, Pierre de Massot passe avec succès ses deux baccalauréats. Dès novembre 1919, De Massot part pour la capitale mais des soucis financiers l’obligent à retourner vivre chez ses parents pour quelque temps. Afin de se tenir au courant d’une actualité concentrée à Paris, il s’abonne à Comœdia, « le magazine des spectacles et des arts » dans lequel, par le biais d’un compte rendu de la dixième livraison de la revue 391 créée par Francis Picabia, il découvre le mouvement Dada. Il s’y abonne également et fait part à Picabia de son enthousiasme : « Alors que le clan réactionnaire et philistin semble devoir, ces jours derniers, fixer au dadaïsme des limites (...), il se fait qu’il passionne étrangement un tout jeune écrivain provincial, je dirais presque campagnard. Oui, Monsieur, si naïve que paraisse ma déclaration, je suis des vôtres, étant un pèlerin de l’Absolu, ... à Rebours. » C’est ainsi que Picabia, ravi de cette lettre, devient son protecteur (il le nomme « gérant » de 391, l’héberge dès novembre 1921) et l’introduit dans les cercles parisiens de l’avant-garde. De Massot fréquente alors un grand nombre d’artistes et d’écrivains, parmi lesquels on compte André Gide, Jean Cocteau, Henry de Montherlant, Jacques Rigaut, Erik Satie. à présent en bonne place, Pierre de Massot peut enfin participer activement aux diverses activités dada. Encouragé notamment par Max Jacob à qui il voue une grande admiration (« Il n’était à mes yeux que l’incarnation du poète », écrira-t-il en 1948 dans Les Nouvelles Littéraires) il commence à publier ses premiers textes, sous forme d’articles et de manifestes.Observateur d’un monde qui jusque-là lui était étranger, il écrit, entre juillet et novembre 1921, De Mallarmé à 391. Premier ouvrage consacré aux avant-gardes, dédié à Francis Picabia (qui finança en partie l’entreprise) et à Marcel Duchamp, De Mallarmé à 391 est publié début 1922, mais passera inaperçu, les attentions de ses pairs étant focalisées sur le Congrès de Paris. Bien que ne comportant pas de mention de tirage, ce premier essai a sans doute connu le même sort que ceux qui le suivront, c’est-à-dire un tirage des plus confidentiels (sa plaquette intitulée Orestie ne sera publiée qu’à... 6 exemplaires). Ces faibles tirages ainsi que la place encore mineure accordée aujourd’hui à Pierre de Massot au sein de dada et du surréalisme, ont peu à peu relégué, fort injustement, cette œuvre au rang réducteur de rareté bibliophilique.

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14 juin 2005

Les subversifs en villégiature

Photo : Archives Picabia
Jean Crotti, Germaine Everling, Francis Picabia et Suzanne Duchamp, promenade des Anglais, Cannes, 1921.

13 juin 2005

Auric préfacier

En octobre 1964, Georges Auric signe la préface du catalogue de l'exposition "Chapeau de paille ?" (Galerie Louis Carré, 04.11 - 04.12.1964, Paris) consacrée à Francis Picabia. Touchante introduction, suivie d'une vingtaine de pages (Petit lexique picabiesque "1921" - Les signataires de L’Œil Cacodylate) brossant rapidement les profils de la soixantaine de protagonistes qui fait l'objet de ce blog. Ce document m'a été communiqué par Jean-Luc Thierry

12 juin 2005

Le rastaquouère

Au début des années 20, Picabia bénéficie d’une grande notoriété dans les cénacles littéraires et artistiques parisiens. Grâce à sa situation financière des plus confortables, il évolue à son aise dans les milieux chics de la capitale. Passant sans transition du salon tenu par sa compagne Germaine Everling aux « mardis de Rachilde », des soirées au Bœuf aux premières théâtrales, Picabia paraît se disperser (ce rire dada semble en effet bien mondain) mais parvient surtout à faire se rencontrer des personnalités qu’en apparence tout oppose. Ainsi convie-t-il, pour le vernissage de son exposition de décembre 1920, le jazz-band qu’anime alors Jean Cocteau et qui comptera pour spectateurs Max Jabob, Paul Poiret, l’Ambassadeur de Cuba, Marthe Chenal, Pablo Picasso …Sans aucun doute, être dada ne signifiait pas la même chose pour tout le monde. Alors que ce Rastaquouère peut envisager à tout moment des séjours sur la Côte d’Azur grâce à ses luxueuses voitures, certains, comme Eric Satie, vivent dans des meublés miteux.

11 juin 2005

Le Bœuf vu par Maurice Sachs

24/02/1920
" […] on s’est prodigieusement amusé à la Comédie des Champs-Élysées, où Cocteau, Milhaud et Massine ont donné Le Bœuf sur le toit. Le spectacle a été monté par le comte Etienne de Beaumont à qui déjà l’on devait d’avoir pu voir Parade dont il s’était occupé avec Diaghilew. C’est une farce, une vraie farce, que les Fratellini ont mimé à merveille. « Le Bœuf sur le Toit, écrit Cocteau, est l’enseigne du bar où se déroule notre scène. N’y cherchez pas plus de sens que dans les enseignes du Chien qui fume, ou du Cheval borgne, c’était le titre d’une maxime très populaire au Brésil… Une farce américaine faite par un Parisien qui n’a jamais été en Amérique… Le Bœuf sur le toit est un merveilleux exemple de la musique nouvelle qui arrive après la musique à l’estompe : la musique à l’emporte-pièce. » La grande drôlerie de la soirée, après les énormes têtes qu’on avait posées sur les cous des mimes, était dans la salle. « C’est du cubisme », disait-on. […] Ce qu’il y a de significatif, c’est que voici le premier spectacle de la saison qui ait paru supérieur à un film ; car il est déjà évident qu’un film de Charlie Chaplin, de Fatty même, sont infiniment supérieurs à tout notre théâtre de boulevard, auquel il n’est vraiment plus aucune raison d’aller." Maurice Sachs

Compendium Dada

Fin 1921, le mouvement Dada parisien brûle ses dernières cartouches. Au Bœuf sur le Toit, l’agitation continue, on y croise le Tout-Paris des arts et lettres : peintres, poètes, compositeurs, écrivains, stylistes, escrocs, galeristes, éditeurs, danseuses, comédiens … la liste est longue, qui fréquenta, assidûment ou occasionnellement, le dancing-bar de la rue Boissy d’Anglas. Ces pages seraient, idéalement, l’écho de mes recherches concernant cette soixantaine de signataires de L’Œil Cacodylate de Francis Picabia. Si Jean Cocteau, Francis Poulenc et Marcel Duchamp ont laissé des entrées dans les dictionnaires, qui furent en revanche Magdalena Tagliaferro, Jacques Povolozky ou encore Roscoe "Fatty" Arbuckle ? Dans le Paris des années 20, le mouvement Dada amuse, intrigue ou exaspère. Mais il n’est pas l’unique manifestation de la modernité en marche. Vos commentaires à : fabrice.lefaix@voila.fr

09 juin 2005

Ils ont tous signé

Céline Arnauld, Emmanuel d’Astier de la Vigerie, Georges Auric, René Blum, Renata Borgatti, Marguerite Buffet, Gabrielle Buffet, Georges Casella, Serge Charchoune, Marthe Chenal, Léo Claretie, Jean Cocteau, Michel Corlin, Jean Crotti, Paul Dermée, Roland Dorgelès, Marcel Duchamp, Suzanne Duchamp, Isadora Duncan, Germaine Everling, Marcelle Evrard, Roscoe "Fatty" Arbuckle, Albert Fratellini, François Fratellini, Paul Fratellini, Marie de la Hire, François Hugo, Jean Hugo, Valentine Hugo, Jean Hussar, Hélène Jourdan-Morhange, Pierre Lalo, Madge Lipton, Alice Malançon, Man Ray, Pierre de Massot, Yves Moreau, Jean Metzinger, Darius Milhaud, Clément Pansaers, Benjamin Péret, Francis Picabia, Paul Poiret, Francis Poulenc, Jacques Povolozky, Georges Ribemont-Dessaignes, Jacques Rigaut, Hania Routchine, Thomas Salignac, Raphaël Schwarz, André Dunoyer de Segonzac, Magdalena Tagliaferro, Tristan Tzara, …de Vadec, Henri Valensi, Georges de Zayas …