" […] on s’est prodigieusement amusé à la Comédie des Champs-Élysées, où Cocteau, Milhaud et Massine ont donné Le Bœuf sur le toit. Le spectacle a été monté par le comte Etienne de Beaumont à qui déjà l’on devait d’avoir pu voir Parade dont il s’était occupé avec Diaghilew. C’est une farce, une vraie farce, que les Fratellini ont mimé à merveille. « Le Bœuf sur le Toit, écrit Cocteau, est l’enseigne du bar où se déroule notre scène. N’y cherchez pas plus de sens que dans les enseignes du Chien qui fume, ou du Cheval borgne, c’était le titre d’une maxime très populaire au Brésil… Une farce américaine faite par un Parisien qui n’a jamais été en Amérique… Le Bœuf sur le toit est un merveilleux exemple de la musique nouvelle qui arrive après la musique à l’estompe : la musique à l’emporte-pièce. » La grande drôlerie de la soirée, après les énormes têtes qu’on avait posées sur les cous des mimes, était dans la salle. « C’est du cubisme », disait-on. […] Ce qu’il y a de significatif, c’est que voici le premier spectacle de la saison qui ait paru supérieur à un film ; car il est déjà évident qu’un film de Charlie Chaplin, de Fatty même, sont infiniment supérieurs à tout notre théâtre de boulevard, auquel il n’est vraiment plus aucune raison d’aller." ■ Maurice Sachs
11 juin 2005
Le Bœuf vu par Maurice Sachs
24/02/1920