21 septembre 2009

« achevé le jour de Ste Salope l’an 22 », publié à Anvers en 1922 par les éditions Ça Ira, Salopes (Le quart d’heure de rage ou [le] soleil sans chapeau), écrit en 1921 par Paul Joostens (1889-1960) est à nouveau disponible grâce aux éditions Allia. (1) Ce court texte dada est suivi de Le mec éclairé. On peut regretter, à l’occasion de cette réédition, l’étique notice que propose Allia, qui avait là l’opportunité d’éclairer le lecteur sur cet auteur belge dont la prose des plus rares s’apparente ici à celle Pansaers. Pour plus d’informations sur P. Joostens, voir : « Paul Joostens » de Paul Neuhuys (1961) édité par Elsevier, pour le Ministère de l'instruction publique (Bruxelles) ainsi que la « monographie avortée » d’Alain Germoz parue dans le bulletin n° 36 de la Fondation Ça Ira (décembre 2008). (1) Salopes fit déjà l’objet d’une réédition en fac-similé en 1995 (500 exemplaires) par Petraco-Pandora (Anvers). Seule la couverture originale (argent pailleté) n’a pas été reproduite à l’identique.

16 septembre 2009

« Tabu » by Jean Crotti

Trouver des documents dont on ignorait l'existence et qui intéressent au premier chef ses recherches est une récompense qu'on savoure longuement. Parmi les derniers documents découverts récemment (la bibliothèque Kandinsky est une mine), ce texte de Jean Crotti paru dans The Little Review (Picabia number, Vol. VIII, n° 2, Spring 1922, pp.44-45) :

Toujours au chapitre "Jean Crotti", ai prévu de consulter une partie des archives de Suzanne Duchamp, dont un dossier qui renferme bon nombre de documents encore inédits. A suivre donc...

08 septembre 2009

La cinquième saison du monde

Je viens de terminer la lecture de La cinquième saison du monde de Tristan Ranx, un roman qui devrait je l’espère rencontrer ses lecteurs puisqu’il est à mon sens une authentique réussite littéraire.

Le roman de Tristan Ranx introduit tour à tour une fiction dans l’Histoire et un pan de celle-ci dans une fiction des plus efficaces, au point que quelques pages de lecture suffisent pour faire vaciller les repères habituels et normés du lecteur. La maîtrise narrative est telle que certains faits historiques apparaissent comme des éléments fictionnels et, inversement, des situations purement romanesques parviennent à prendre la couleur patinée de l’Histoire.

Tract de F. Azari, aviateur futuriste, avril 1919

Marthe Chenal et Gabriel D'Annunzio (Picabia, aquarelle et crayon, circa 1929). ©

Contrairement à ce qui a pu être reproché à l’auteur, La cinquième saison du monde n’est en aucune façon alourdie par des « références historiques et littéraires» car celles-ci sont parfaitement intégrées et maîtrisées grâce à une structure narrative très travaillée – et qui pourtant n’apparaît pas comme telle, signe évident d’une réussite, à l’image de la « Postface » intitulée « La vie et la mort de Guido Keller » qui par ailleurs présente de discrets accents borgésiens. On pense notamment aux recensions littéraires de l’auteur de Fictions. En écrivant un roman en grande partie sur l’Etat libre de Fiume, Tristan Ranx – qui convoque à la fois des hommes qui font partie intégrante de l’Histoire comme D’Annunzio et Guido Keller et des personnages qui se situent à mi-chemin entre fiction et réalité, comme Colossus et Imna Oly (femme fatale du roman ?) – met en scène une TAZ animée par des résistants, des pirates, des libertaires, des poètes et des artistes de la vie.

« Le monde de Keller, cette cinquième saison, est une force en attente et le manuscrit d’Enzo Cellini nous apparaît déjà comme la pierre de Rosette d’une réalité qui se construit aussi dans le monde virtuel. Il ne s’agit pas d’un « deuxième monde » déprimant, mais d’une véritable machine agissant de concert dans la fiction et dans la réalité, renvoyant de point en point à l’existence d’une révolution dadaïste qui se joue de l’Espace et du Temps. »

La cinquième saison du monde, Tristan Ranx, éditions Max Millo.