La vie de René Blum demeure aujourd’hui encore des plus méconnues. Son nom apparaît peu (et parfois n’apparaît pas) dans les biographies consacrées à Léon Blum. La toile ne lui rend pas justice, d’autant que bon nombre d’indications le concernant sont erronées. Ce n’est que huit ans après sa mort qu’un ensemble de témoignages sera publié, sous la forme d’un numéro spécial tiré à 1200 exemplaires, par la revue Arts et Métiers Graphiques. En compilant rapidement mon dossier René Blum, j’ai extrait quelques dates et quelques photographies de l’homme dont le nom demeure à jamais attaché à celui des Ballets Russes de Monte-Carlo, « cet être unique qui fut aimé de tous ceux qui l’ont approché et adoré de tous les siens ». (1)
Naissance à Paris le 13 mars 1878, de René-Moïse Blum, dans le deuxième arrondissement de Paris, six ans après son frère Léon.
1912 : René Blum écrit la préface du catalogue du Salon de la Section d'or à Paris (10-30 octobre 1912)
qui se tient à la Galerie la Boétie. Le catalogue mentionne trois conférences dont une prévue pour le vendredi 25 octobre « par M. BLUM (Léon) René ». (Le prénom Léon est mentionné et biffé dans la transcription sur laquelle je m’appuie). (2) Mentionnons que parmi les peintres exposés et figurant au catalogue, six sont des signataires de L’Œil cacodylate : Marcel Duchamp, Jean Metzinger, Francis Picabia, Georges Ribemont-Dessaignes, Dunoyer de Segonzac et Henry Valensi. Le nom de René Blum figure également (après celui de Gabrièle Buffet) dans la liste des collaborateurs du numéro spécial du 9 octobre 1912 consacré à l’exposition.
1913 : Fin février, Marcel Proust lui écrit pour lui faire part de sa volonté de publier à compte d’auteur chez Grasset. Blum fera l’intermédiaire auprès de l’éditeur et Du côté de chez Swann paraîtra en novembre de la même année. [«Mais, mon cher ami, je suis très malade, j’ai besoin de certitude et de repos. Si M. Grasset édite le livre à ses frais, il va le lire, me fera attendre, me proposera des changements, de faire des petits volumes, etc. Et aura raison au point de vue du succès. Mais je recherche plutôt la claire présentation de mon œuvre. Ce que je veux c’est que dans huit jours vous puissiez me dire, c’est une affaire conclue, votre livre paraîtra à telle date. Et cela n’est possible qu’en payant l’édition.»]
1923 : De Bagnères-de-Luchon, le 8 août, René Blum écrit une lettre à Francis Picabia (fonds Doucet).1924-1925 : il assure la direction de la Saison de Comédie et d’Opérette au théâtre de Monte-Carlo. [Source : numéro spécial de la revue Arts et Métiers Graphiques consacrée à René Blum, nov. 1950].
Cette direction durera jusqu’en 1932. [Source : fonds René Blum du Département des arts du spectacle, Bibliothèque nationale de France].
1926 : La Société des Grands Etablissements du Touquet lui propose d’assurer la direction artistique des Casinos. Un court papier paru dans une récente gazette locale nous dit que René Blum occupera cette place six années durant.
1932 : les Ballets Russes, fondés en 1909 par Serge de Diaghilev, renaissent sous le nom des Ballets Russes de Monte-Carlo (fusion des Ballets de l’Opéra de Monte-Carlo et du Ballet de l’Opéra Russe de Paris).La troupe est dirigée par le Colonel de Basil (de son vrai nom Wassily Grigorievich Woskresensky) et René Blum (direction artistique).Publication de la pièce Les Amours du Poète écrite en collaboration avec Georges Delaquys, La Petite Illustration (théâtre), n° 292 du 27 février.
1934 : les Ballets Russes de Monte-Carlo sont au bord de la faillite, nous dit un article in english. Sol Hurok, impresario américain, sauvera pour un temps la formation en la programmant au Saint-James Theatre ainsi qu’au Metropolitan Opera House
sous le nom de Ballet Russe de Monte-Carlo. Cependant, une photographie issue du fonds de la National Library of Australia nous montre un colonel et l’impresario Sol Hurok accompagnés de la troupe en 1933…
1936 : le colonel de Basil et René Blum cessent leur collaboration.
René Blum, New York, mars 1940
1940 : René Blum arrive à New York le 4 mars à bord du S.S. Washington.
1941 : 12 décembre. L’officier allemand Otto von Stülpnagel ordonne la rafle dite « des notables ». René Blum est arrêté à son domicile parisien (55, avenue Bugeaud, 16ème arrondissement) et sera interné dans plusieurs camps français. Il part de celui de Drancy (convoi n° 36) le 23 septembre 1942 pour le camp d’extermination d’Auschwitz-Birkenau. Il y est assassiné par les allemands le 28 septembre 1942. [Source : Journal Officiel de la République Française, 02/10/1987, p. 11519].
(1) Lettre de J. Lancrey-Javal (nièce de René Blum), à la danseuse Rosella Hightower, vers 1955 (coll. F. Lefaix).
(2) Voir catalogue de l’exposition La section d’or 1912-1920-1925. Le cubisme écartelé, dir. Cécile Debray et Françoise Lucbert, Musées de Châteauroux et Musée Fabre, Montpellier / Editions Cercle d’Art, 2000, p. 278 sqq.