21 juin 2005

« Je suis affamé de liberté. Et me saoule à la paresse. » Clément Pansaers [3]

Gravure de Clément Pansaers (Bar Nicanor, 1921)
Depuis peu, Clément Pansaers est souffrant, il se plaint auprès de ses correspondants (Tristan Tzara notamment) d’un mauvais état de santé et d’un « moral lamentable ». Malgré tout, un nouveau projet l’anime, qui ne verra cependant le jour qu’en novembre 1921. Durant cette période de souffrance et de difficultés matérielles, Pansaers continue d’écrire. Passionné par le taoïsme, il prépare une étude sur le philosophe Tchouang-Tseu. Source jusqu’à présent peu étudiée, le taoïsme serait en effet une des pierres de touche de son œuvre. Pansaers s’en explique à son médecin bruxellois, le docteur Willy Schuermans : « C’est de Tchouang-Tsi que je tiens partiellement mes principes - d’alogique, annulant complètement la logique, la psychologie, etc. des philosophies occidentales - et que j’applique dans mes romans et autres essais - et qu’on range parmi le Dada - alors qu’en réalité beaucoup des Dadas n’ont aucun critérium personnel - si ce n’est la réclame ! » A cette époque, Pansaers fréquente Ezra Pound, James Joyce, Jean Cocteau, Valéry Larbaud, Léon-Paul Fargue et Jean de Bosschère, qu’il apprécie particulièrement. Il peint aussi quelques toiles qu’il parvient à vendre. En septembre, il propose à Picabia de réaliser avec lui un numéro spécial de la revue Ça Ira ! qui paraît en novembre sous le titre « Dada, sa naissance, sa vie, sa mort » et pour lequel de nombreux collaborateurs se sont associés à Pansaers : Céline Arnauld, Jean Crotti, Paul Eluard, Pierre de Massot, Benjamin Péret, Francis Picabia, Ezra Pound et Georges Ribemont-Dessaignes. L’entourage de Pansaers, auquel ce dernier n’accorde plus beaucoup de sa confiance, lui suggère par ailleurs de concevoir un nouveau projet, intitulé « Bilboquet » et qui aurait réuni les signatures de Constantin Brancusi, Jean Cocteau, Marcel Duchamp, Ezra Pound, Igor Stravinski ... Pansaers n’aura le temps que de tracer les grandes lignes et l’aspect administratif de cette revue d’avant-garde. Malgré son mauvais état de santé, Pansaers assiste en février 1922 à une réunion, organisée à la Closerie des Lilas et opposant certains dadas parisiens (Tzara, Satie, Cocteau, Man Ray ...) à André Breton. Les lettres de Pansaers au docteur Schuermans se multiplient. Pansaers est au plus mal, il envisage le suicide. Le 21 avril, il est admis à l’hôpital de la Charité à Paris. Picabia, Cocteau et de Massot (ce dernier lui apporte son étude De Mallarmé à 391) rendent visite au malade atteint de lymphadénie aleucémique. Malgré l’extraction d’un ganglion suivi d’un traitement radiothérapique, le mal gagne. Pansaers décèdera le 31 octobre 1922 à l’âge de trente-sept ans. BIBLIOGRAPHIE Editions originales - Le Pan-Pan au Cul du Nu Nègre, éditions Alde, coll. AIO, Bruxelles, 1920. - Bar Nicanor, éditions A.I.O., Bruxelles, 1921. - L’Apologie de la paresse, éditions Ça Ira !, Anvers, 1921. Correspondance - Sur un aveugle mur blanc et autres textes, Lettres à Tzara et Picabia, édition de Marc Dachy, Transédition, Bruxelles, 1972. Rééditions - Bar Nicanor et autres textes dada, édition établie et présentée par Marc Dachy, Gérard Lébovici / Champ Libre, Paris, 1986. - L’Apologie de la paresse, éditions Allia, Paris, 1996. Rééditions en fac-similé - Le Pan-Pan au Cul du Nu Nègre, avec un avant-propos de Benjamin Hennot, Didier Devillez éditeur, coll. Fac-Similé, Bruxelles, 2002. - Bar Nicanor, avec un portrait de Crotte de Bique et de Couillandouille par eux-mêmes, avec un avant-propos de Benjamin Hennot, Didier Devillez éditeur, coll. Fac-Similé, Bruxelles, 2002. Revues et articles - « Meeting pansaerien », édouard Jaguer, Phases, n° 1, 1954. - Temps Mêlés. Parade pour Picabia /Pansaers, Verviers (Belgique), 1958. - « Sur Clément Pansaers », Marcel Lecomte, Synthèse, n° 161, octobre 1959 et « Le Suspens », Mercure de France, 1971. - Ça Ira !, collection complète (1920-1923), éditions Jacques Antoine, 1973. - Résurrection, cahiers mensuels littéraires illustrés, collection complète, 1917-1918, éditions Jacques Antoine, 1974.- « L’éternel retour du pan-pan au cul », Rossano Rossi, Textyles, n° 8, novembre 1991, pp. 29-37.