Signature de Roland Dorgelès (1885-1973)
"Nous proclamons que l’excès en tout est une force, la seule force … Ravageons les musées absurdes, piétinons les routines infâmes. Vivent l’écarlate, le pourpre, les gemmes coruscantes, tous ces tons qui tourbillonnent et se superposent." 1
Echo rigolard au Manifeste du Futurisme, le Manifeste de l’Excessivisme de Roland Dorgelès fut publié le 1er avril 1910 dans une revue humoristique intitulée Fantasio. Dorgelès a vingt-quatre ans, il vient de quitter l’Ecole des Beaux-Arts et compte se consacrer à une activité artistique. En guise d’introduction, il expose au Salon des Indépendants, sous le pseudonyme J.R. Boronali, une toile réalisée à l’aide de la queue d’un âne et remporte un franc succès avec ce canular (geste dada avant l'heure ?). Dans les années dix, il fréquente Pierre Mac-Orlan, Guillaume Apollinaire et la bohème montmartroise. (A-t-il croisé Duchamp ?)
En 1921, Dorgelès (de son vrai nom Roland Lecavelé) a trente-six ans. Il est l’auteur d’un roman à succès, Les Croix de bois (1919), qui relate son engagement en 1914 et la vie des tranchées. L’année suivante, il épouse Hania Routchine, autre signataire et autre artiste lyrique de L’Œil Cacodylate.
1 Cité par Marc Partouche in La lignée oubliée, bohèmes, avant-gardes et art contemporain de 1830 à nos jours, éd. Al Dante, coll. &, p. 108, 2004.
Pour une approche approfondie de l’affaire Boronali, voir « Rire ou ne pas rire : l’âne qui peint avec sa queue » in Aux commencements du rire moderne – L’esprit fumiste, Daniel Grojnowski, Ed. José Corti, 1997.