A PROPOS DE VERNISSAGE. – Vernissage de l'Exposition internationale de peinture moderne à New York, en février dernier.
Le soir, il y a une foule compacte ; bien que la salle soit immense
Armory Show, galerie H, peinture et sculpture françaises
(c'est une caserne ou une sorte de champ de manœuvre couvert où les troupes s'exercent d'habitude, transformée pour un mois en salon de peinture). On circule avec peine, la lumière est éblouissante, les toilettes sont éblouissantes, les femmes ultra décolletées, couvertes de perles et de diamants. Les hommes ultra corrects en « evening dresses » ; un orchestre (presque une fanfare) joue des airs de Carmen, de temps à autre.
Le président d'honneur, avocat très connu à New York, va prononcer le discours d'ouverture, et la foule s'empresse autour du balcon intérieur d'où il parle. Toutes les têtes se lèvent vers lui, curieuses, attentives et jeunes, sans exception, même celles à cheveux blancs ou crânes chauves.
Il parle d'une voix bien nette et vibrante :
Ladies and gentlemen, cette exposition est la plus importante qui ait jamais été organisée dans le monde entier ; jamais ni à Berlin, ni à Vienne, ni à Rome, n'ont été réunis autant de tableaux. (Applaudissements.) C'est un record.
« Jamais exposition n'a été aussi rapidement organisée. (Applaudissements.)
« Il a été dépensé pour cette exposition X dollars. » (Applaudissements répétés devant la somme formidable.)
Suivent quelques appréciations flatteuses sur tous les organisateurs. Conclusion :
« Et maintenant que ceux qui désirent s'instruire viennent, regardent et travaillent. »
(Applaudissements. Morceau de musique.)
Ladies and gentlemen commencent à circuler devant les toiles, consciencieux, pleins de volonté et de bonne volonté pour s'initier aux mystères de la peinture moderne, cubisme, orphisme, etc., etc.
G. B.
Les Soirées de Paris, n° 19, décembre 1913, p. 5.