28 novembre 2006

L'été indien

Sur une plage du Midi en 1925, de gauche à droite : Francis Picabia, Germaine Everling, Michel Corlin, Suzanne Duchamp, Pablo Picasso, Jean Crotti. In J.-P. Crespelle, Montparnasse vivant, Paris, Hachette, 1962, p. 251.

Sinon très bon exemplaire

Eric Dussert, cité précédemment, continue de m'épater, en reproduisant ceci :

http://www.lekti-ecriture.com/blogs/alamblog/index.php

Je ne connaissais la référence de ce livre de Marie de la Hire que par les catalogues des librairies spécialisées. Voici enfin une image, que j'emprunte à Eric Dussert, critique au Matricule des Anges, bibliographe et, forcément, amoureux des livres. Je ne résiste pas à l'envie de citer cette annonce, parue sur la toile il y a déjà de nombreux mois : Les crépuscules au jardin. LA HIRE (Marie de). Paris, Sansot, R. Chiberre, 1924. Grand in-8. 61-(3) pages. Broché, couverture illustrée, imprimée et rempliée. Description : Edition originale. Tirage limité à 500 exemplaires numérotés sur papier de Montval pur fil, fabriqué spécialement pour ce livre par Pierre Térouanne et Gaspard-Maillol. Notre exemplaire est enrichi d'un bel envoi de l'auteur à Berthe Julien. Premier tirage des 21 superbes bois gravés de Gaspard-MAILLOL et Marie de LA HIRE, dont un en couverture et 20 in-texte. On joint : ARBELLOT (Simon), Marie de La Hire peintre et poète. Plaquette de 12 pages de l'exposition Marie de La Hire chez Danthon (Paris), du 17 au 31 janvier 1925. 9 reproductions. Infime restauration de scotch au dos, en pied. Sinon très bon exemplaire. De toute rareté. Monod, 6766. Proposé au prix du salaire minimum de croissance, je veux bien croire que cet exemplaire, malgré son petit défaut, a de quoi ravir tout acquéreur passionné de vieux papiers. Eric Dussert, fin limier, nous apprend que Marie de la Hire fut l'épouse d'Adolphe-Ferdinand Célestin d’Espie de La Hire, cité par Pierre Versins à maintes reprises dans son Encyclopédie de l'utopie, des voyages extraordinaires et de la science fiction, Lausanne, L'Age d'Homme, 1972 -(2ème édition, 1984) qui fait encore rêver :

15 novembre 2006

En freinant bien pour ne pas te dépasser

Tout le monde ont signé, je signe. Y. Moreau (garagiste de Francis Picabia)

Picabia par © Man Ray (Cannes, 1924)

Pierre de Massot dans l'automobile de Francis Picabia [années 20]

Tristan Tzara et Francis Picabia [années 20]

Francis Picabia tenant à la main un exemplaire du Pilahou-Tibaou.

"Une Passion" (in Francis Picabia, Catalogue du Centre National d'Art et de Culture Georges Pompidou / Musée National d'Art Moderne, Paris, 1976, p. 34)

"Picabia a eu 127 automobiles. Et chacune d'elles a été une passion, objet d'un désir impatient, machine séduisante et à séduire, qui donne le plaisir et reçoit la caresse. Une histoire d'amour : il fait venir un jour d'Amérique une Mercer, la fait chercher au Havre, demandant qu'à chaque étape du voyage jusqu'à Paris on lui donne par télégramme des nouvelles de l'objet convoité". Hélène Seckel, ibid, p. 35.
24 Juin 1927
Mon cher Walter ma chère Magda.
Je suis marié depuis quinze jours avec Mlle Sarazin-Levassor dont le père était dans l'affaire automobile Panhard-Levassor -
C'est une expérience charmante jusqu'ici et j'espère que cela continuera -
Ma vie n'est en rien changée -
Je dois faire de l'argent pour deux. Espérons que quelque chance par an aidera le ménage à entretenir un bien être.

Marcel Duchamp to Walter Pach, 24 June 1927, Paris

In Affectt/Marcel - The Selected Correspondence of Marcel Duchamp, edited by Francis M. Naumann and Hector Obalk, translated by Jill Taylor, [Thames & Hudson], Ludion, Ghent - Amsterdam, 2000.

Voir également : Un échec matrimonial, Le cœur de la mariée mis à nu par son célibataire même, éd. Marc Décimo, coll. L'écart absolu, Dijon, 2004, Les Presses du Réel.

05 novembre 2006

J. Povolozky & Cie

Autres flâneries, encore, en parcourant le très beau catalogue de l'exposition Yves Klein à Beaubourg. Le IKB, la couleur du ciel de Nice. Je pense à Piero Manzoni 1, à son Socle du monde, à ses Merdes d'artiste. Piero Manzoni (1933-1963) - Yves Klein (1928-1962). Penser à signaler l'indispensable étude de Didier Semin (Le Peintre et son modèle déposé, Mamco, Genève, 2001) dans laquelle on trouve des reproductions d'enveloppes Soleau et de dépôts de brevets d'invention de Klein. Ai réouvert ce soir un catalogue Seuphor, trouvé dans une belle librairie d'Amsterdam la veille du Noël 1999, et dans lequel j'ai retrouvé cette photographie de la devanture de la librairie-galerie de Jacques Povolozky, signataire de L'Œil cacodylate.
Seuphor, Vordemberge, un inconnu. [Fin des années 20]. In catalogue Seuphor, Musée National d'Art Moderne, Centre Georges Pompidou / Fonds Mercator, Paris, 1976, p. 79.

Erik Satie, Gnossienne n° 1 interprétée à l'accordéon par Teodoro Anzelotti

(Winter & Winter ed.)

Signature de Jacques Povolozky sur L'Œil cacodylate.

Je dois également signaler cette contribution, signée Eric Dussert, consacrée aux publications de Povolozky.

Signature de Marie de la Hire sur L'Œil cacodylate.

Toujours peu d'informations sur Marie de la Hire, exceptées deux reproductions de ses toiles. En attendant de trouver plus sur l'auteur du Picabia [LA HIRE (Marie de) Francis Picabia (Exposition à la Galerie de la Cible, décembre 1920). Paris, Galerie la Cible, 1920. 36-(7) p.-(10) f. de pl., front., ill. en noir et en coul. Tiré à 1 090 ex. numérotés : 10 h. c. sur chine marqués A à J, 50 sur pur fil Lafuma et 1 040 sur vergé teinté.], ces lignes de l'incontournable Michel Sanouillet :

Carton d'invitation à l'exposition Francis Picabia, Galerie Povolozky, 17 décembre 1920.

[Restait, pour le Francis Picabia de Mme de La Mire, la solution peu reluisante du compte d'auteur. Derechef, avec l'inépuisable énergie des apôtres et des femmes mûres qui s'ennuient, Marie s'entremit, plaida, représenta. Elle finit par prendre dans ses rets le libraire russe Jacques Povolozky : " Il me paraît très satisfait […] et il s'est tout à fait rangé à ma façon de voir qui est de vous mettre tout à fait à part d'un mouvement intéressant peut-être, mais où les talents de demain ont encore à faire leurs preuves, tandis que votre passé réjouit tous les vrais artistes. La bro­chure et l'exposition marcheront ensemble et feront la publicité à votre livre. " Essentiellement donc, l'exposition de décembre 1920 était conçue comme une manifestation publicitaire destinée à faire vendre deux ouvrages. C'est ainsi qu'au lieu de la soirée à esclandre dont les échotiers pari­siens s'apprêtaient à faire des gorges chaudes, Picabia offrit à ses amis et ennemis la parfaite caricature d'un de ces vernissages mondains où le Tout-Paris s'écrase dans quelque galerie exiguë pour s'abreuver de whisky et de potins, sans trop se préoccuper des toiles, d'ailleurs inacces­sibles, qui s'étalent sur les cimaises. Pour ajouter à la confusion des esprits, le peintre avait pris un malin plaisir à inviter des gens de tous bords, mais dont la plupart étaient, sinon hostiles, du moins assez mal disposés envers Dada. Et, puissance des relations, ils vinrent ! Dès vingt heures, ce 9 décembre 2, la rue Bonaparte fut embouteillée par la foule des grands soirs, les taxis, les limousines à chauffeur d'où descendaient des silhouettes connues. Il y avait là le monde, avec la princesse Murat, la baronne Deslandes, Marie de La Hire, le ministre de Cuba et le comte de Beaumont j les lettres, avec Max Jacob, Léon-Paul Fargue, Guy Arnoux, André Germain, Valentine et Jean Hugo, le poète américain Stephen Vincent Benèt, Georges Casella et Asté d'Esparbès, de Comœdia ; les arts, avec Segonzac, Picasso, Satie, Marie Laurencin, et Raymond Duncan ! le spectacle, avec Pierre Bertin, Marthe Chenal, Jasmine et Maud Loty. Dada aussi, bien entendu, était représenté par Tzara, Drieu La Rochelle, Clément Pansaers, Georges Ribemont-Dessaignes, Emmanuel Fay, Gabrielle Picabia et Marguerite Buffet, André Breton et sa fiancée Simone Kahn, Walter Semer, M. et Mme Philippe Soupault, et Aragon. Mais loin d'avoir la vedette, il en était réduit à jouer les figurants. Picabia avait pris un malin plaisir à inviter Cocteau à conduire son jazz-­band pendant la partie récréative de la soirée: il savait fort bien l'inimitié qui opposait le groupe Littérature à l'auteur du Bœuf sur le toit. Le " poète-orchestre ", comme l'appelait Aragon, se dépensa ce soir-là sans compter, assisté de la petite formation (Georges Auric et Francis Poulenc au piano) qu'il avait illustrée aux quatre coins de la capitale. Coiffé d'un "tuyau de poêle" et tapant à tour de bras sur une batterie insolite composée d'un tambour, d'une grosse caisse, de cymbales, de castagnettes, mais aussi de verres à boire, d'un mirliton et d'un klaxon, Cocteau "interpréta" des airs à la mode (Mon homme, Adieu, New York, le New York fox-trot et le tango du Bœuf sur le toit d'Auric) et, paraphrasant Tzara, donna, sur un rythme syncopé, la, recette pour faire de la musique moderne: prenez au hasard quelques exécutants, faites-leur jouer un fox-trot populaire, ajoutez-y des bruits divers, placez un poète au pupitre, et voilà ! Picabia espérait-il un affrontement entre les dadaïstes et le jazz-band de Cocteau ? Vraisemblablement. Mais ses espoirs furent déçus, car la force explosive de Dada, diluée dans la masse inerte des assistants, ne trouva pas prétexte à se déployer, même quand Tzara monta sur la petite estrade pour déclamer son Dada manifeste sur l'amour faible et l' amour amer.Ce texte, marqué au coin du plus authentique esprit Dada, se composait de seize « chants" se terminant chacun par une variation sur le thème« Je me trouve très charmant ". Tzara y donnait libre cours à son lyrisme verbal, qu'avec beaucoup d'humour il moquait et justifiait à la fois]. In Michel Sanouillet, Dada à Paris, Paris, 1993, Flammarion, pp.240-241.

Le volant d'Artimon, Paul Dermée, poème, éd. J. Povolozky, 1922. Couverture (bois gravé) de Louis Marcoussis.

La radiophonie : P. Dermée, E. Prampolini, M. Seuphor (1926).

© Photo Kertèsz. In Seuphor, ibid., p. 66.

J'évoquerai bientôt Paul Dermée et sa femme Céline Arnauld, L'Esprit Nouveau, Z, etc.

1 Piero Manzoni, Contre rien, éd. Allia, Paris, 2002.

2 Michel Sanouillet signale la date du 9 décembre 1920 alors que figure en toutes lettres la date du 17 X bre 1920 sur la carton d'invitation de l'exposition. Décembre semble le bon mois. Le jour est à voir.