31 août 2005

Bang Bang !

Cocteau par Berenice Abbott, 1927 ©
Le blog cacodylate, encore un peu en vacances, reprendra dans quelques jours.

17 août 2005

Coquillages et crustacés

Marcel et Suzanne Duchamp, Michel Corlin, Germaine Everling, Lorenzo, Francis Picabia, Jean Crotti (annés vingt) © Archives Marcel Duchamp

12 août 2005

Très rare photo sur la terre

Francis Picabia et Marie Laurencin, Barcelone, 1916

11 août 2005

Arrêt-crêpes au Boeuf sur le Toit

Jean Cocteau, It's a long way to typperary, calligramme (1916)

Exercice périlleux que de parler de Cocteau en quelques lignes : la chasse aux lieux communs mille fois rebattus est de rigueur. Cocteau-le-dandy-imposteur-touche-à-tout, etc. Le nom de Cocteau est associé à Dada dès 1919, année où paraissent ses 3 pièces faciles pour petites mains dans Dada n° 4-5 dirigé par Tzara. Ennemi juré de Breton, rejeté des colonnes de Littérature, chahuté par Picabia et bien d’autres, Cocteau crée sa propre revue (Le Coq, qui ne comptera que quatre numéros, parus entre mai et novembre 1920) au sein de laquelle on retrouvera certains signataires déjà présents dans les pages de Littérature et de 391. On comprend la différence essentielle entre ces pistolets irrévérencieux et cet esthète, souvent affecté * qui préférait le jazz aux manifestations bruyantes et/ou bruitistes de son époque. Les Dadas voulaient rire, Cocteau, lui, voulait faire la fête. Son côté clubbing et son entregent ont transformé un café parisien en une brasserie branchée battant des records de fréquentation : c’est bien à ce Zélig que Le Bœuf sur le Toit dut en partie son grand succès à l’aube des années vingt. Dans son Jean Cocteau. Qui êtes-vous ?, J. Touzot note : « [1922] 21 novembre. Enterrement de Proust, suivi avec Radiguet.** Sur le trajet du convoi funèbre, arrêt-crêpes au “ Bœuf sur le Toit ”. » *** Un arrêt-crêpes au Bœuf sur le Toit ! Un ARRÊT-CRÊPES ! Impayable Jean Cocteau !

Demain, pause-pipi à La Coupole. * Tout bien pesé, l’affectation de Cocteau n’avait rien à envier à celle de Breton (et réciproquement) : si l’un choisit la pose, l’autre choisit la posture.

** Dessiné ici par Valentine Hugo. *** Ed. La Manufacture, 1990, p. 228. Ah !, vraiment, merci Monsieur Touzot, pour cette info de premier ordre qui me met de bonne humeur pour toute la soirée. Un ARRÊT-CRÊPES au Bœuf sur le Toit à l’enterrement de Proust, ces mots me font rire et résonnent avec une étrangeté qui m’échappe encore à l’heure de ce post. En quelques mots, un précipité d’histoire contemporaine, ce doit être cela.

10 août 2005

Décollez-moi ça

Petite énigme. Je n’avais pas encore porté mon attention sur ce centimètre carré-là : PE. La première idée qui m’est venue était trop évidente. Non, il ne doit pas s’agir d’un monogramme, et encore moins de celui de Paul Eluard, qui avait d’autres chats à fouetter à ce moment-là. L’inscription paraît se poursuivre sous la photographie de Man Ray et se terminer par un Y. Y de Man RaY ? S’agirait-il du nom ou du surnom de la Femme à la cigarette ? Allo, Fox Mulder ?

07 août 2005

Canary Bay

Raymond Radiguet et Georges Auric (toujours en forme), été 1921

05 août 2005

Mademoiselle, quel nouméro ?

Mignardises à la Pharamousse Isadorable salade folle Steak de Dada (préparation au Cuculin) Trou normand en forme de poire Ris de veau façon Rigaut Frhommages variés Fatty’s cake Coffees and Madge Lipton’ teas Cigares, paper hats and more ... Lounge !!! Cane !!! Pétrus 1912, Champagne. No water tonight !!!
Guest : DJ Charchoune

03 août 2005

Narrats Dadas

Les Quatre Dadas, Raoul Hausmann, 1953
Lire aux cabinets, écrivait Henry Miller. Ce soir, en feuilletant distraitement un catalogue de la Librairie La Palourde (Nîmes, novembre 2001), je suis tombé sur cette entrée, commentaire détaillé de l’illustration qui figure pourtant en couverture. A présent que le rapprochement est fait, voici l’image, et le texte : 157. - HAUSMANN Raoul. « Les Quatre Dadas », 1953. Œuvre originale, tech­nique mixte (encre de chine et gouache sur papier), 50 x 64 cm, signée « R.H. » en haut à droite et datée. Excellent portrait-­charge de groupe où sont représentés André Breton, Paul Eluard, Benjamin Péret et Tristan Tzara et qui démarque en tous points, avec un extraordinaire talent de caricaturiste le célèbre portrait de grou­pe réalisé par un photographe anonyme en 1923, et dont l'original figure au Musée d'Art de d'Histoire de Saint-Denis (voir couvertures du présent catalogue). Si sur la photographie originale nos quatre Dadas apparaissent dans une élégante pos­ture, encravatés, peignés de frais et pour tout dire endimanchés, Hausmann s'est ici amusé à représenter leurs visages enfer­més dans une cocotte-minute ! Cette œuvre qui témoigne de l'humour de Raoul Hausmann et du sentiment virulent que lui a toujours inspiré l’embourgeoisement des avant-gardes n’était jusqu’à présent jamais sortie des collections de l’artiste.
Le titre de ce post m’a été inspiré par Davier, qui me fait part ce soir d’un autre rapprochement, le sien, de dédicace à dédicace, de narrats à narrats.

Ane y soit qui mal y peint

L'âne Boronali en plein travail. Photographie parue dans L'Illustration (2 avril 1910)

02 août 2005

Una lacrima sul viso

Germaine Everling, Cannes, 1937 (© Photo Francesca)

Cher Directeur de Littérature

Cher Directeur de Littérature Je viens d’apprendre tout récemment (mais peut-être ne s’agit-il que d’obscurs ragots ?) que vos influences sur Mademoiselle Valentine Gross seraient du plus mauvais effet. S’il m’est aisé de comprendre que vos velléités oniriques, vos réunions apéritives, place Blanche (« jusqu’à pas d’heure », me précisent encore d’autres sources), vos réunions non moins interminables au 42, rue Fontaine – à ce sujet, je vous remercie à l’avance de communiquer toutes informations utiles concernant votre prédécesseur en ces lieux (le frère de Monsieur Jacques Rigaut), à M. Jean-Luc Bitton, afin que ce dernier puisse mener à bien son work in progress –, vos séances de spiritisme, vos prises de bec et de positions diverses, votre récente tocade consistant à accumuler, en et sur les murs de votre appartement, tout un bric-à-brac d’objets plus ou moins catholiques, il m’est en revanche bien plus difficile d’admettre qu’un esprit comme le vôtre ait réussi à faire renoncer une jeune personne à sa passion pour la musique : Mademoiselle Valentine Gross aurait, me dit-on, non seulement cessé de jouer du piano mais également vendu son instrument ainsi que sa collection de partitions musicales dédicacées. Voir, voir, nous ressassez-vous. Mais que faites-vous de vos oreilles ? Pardonnez-moi, cher Directeur de Littérature, de vous bousculer un peu, mais enfin, comprenez-moi, je ne puis supporter que vous vous immisciez dans l’existence de Mademoiselle Valentine Gross au point de lui faire renoncer, ne serait-ce que temporairement, à ses rêves pour adopter les vôtres. Je vous prie de bien vouloir me rassurer au sujet de ce que je viens d’évoquer (avec un peu de nervosité je vous le concède, mais sachez que je préfère de loin la musique d’ici-bas aux grincements de vos tables tournantes). Une dernière chose : évitez, s’il vous plaît, de me répondre sur votre horrible papier à en-tête de Littérature : cela m’exaspère au plus haut point. Veuillez, cher Directeur de Littérature, etc… FLE PS. M. Tristan Tzara vient de me faire part d'un récent courrier, daté du 07.07.23, que lui a adressé M. Erik Satie. Ce dernier n'a pas hésité à lui écrire, je cite : "Je vous aime bien mais je n'aime pas Breton ni les autres ..." Par conséquent, si un compositeur comme Monsieur Erik Satie a cru bon d'écrire ceci, je vous prie de ne pas me répondre au sujet de qui précède. Néanmoins, si vous pouviez me dire pourquoi vous n'avez pas signé L’Œil Cacodylate de Francis Picabia, cela m'arrangerait bien.

01 août 2005

Je hais la guerre mais j'aime ceux qui l'ont faite (R. Dorgelès)

Signature de Roland Dorgelès (1885-1973)
"Nous proclamons que l’excès en tout est une force, la seule force … Ravageons les musées absurdes, piétinons les routines infâmes. Vivent l’écarlate, le pourpre, les gemmes coruscantes, tous ces tons qui tourbillonnent et se superposent." 1 Echo rigolard au Manifeste du Futurisme, le Manifeste de l’Excessivisme de Roland Dorgelès fut publié le 1er avril 1910 dans une revue humoristique intitulée Fantasio. Dorgelès a vingt-quatre ans, il vient de quitter l’Ecole des Beaux-Arts et compte se consacrer à une activité artistique. En guise d’introduction, il expose au Salon des Indépendants, sous le pseudonyme J.R. Boronali, une toile réalisée à l’aide de la queue d’un âne et remporte un franc succès avec ce canular (geste dada avant l'heure ?). Dans les années dix, il fréquente Pierre Mac-Orlan, Guillaume Apollinaire et la bohème montmartroise. (A-t-il croisé Duchamp ?) En 1921, Dorgelès (de son vrai nom Roland Lecavelé) a trente-six ans. Il est l’auteur d’un roman à succès, Les Croix de bois (1919), qui relate son engagement en 1914 et la vie des tranchées. L’année suivante, il épouse Hania Routchine, autre signataire et autre artiste lyrique de L’Œil Cacodylate.
1 Cité par Marc Partouche in La lignée oubliée, bohèmes, avant-gardes et art contemporain de 1830 à nos jours, éd. Al Dante, coll. &, p. 108, 2004.
Pour une approche approfondie de l’affaire Boronali, voir « Rire ou ne pas rire : l’âne qui peint avec sa queue » in Aux commencements du rire moderne – L’esprit fumiste, Daniel Grojnowski, Ed. José Corti, 1997.