09 avril 2008

Cher Horacio


Si votre dégoût * est mien, sachez qu’en 1935 ** deux amazones posèrent devant l’objectif.
Observez, au second plan, cet impensable cadre de bois clair, étouffant les bords de notre icône préférée. Regardez par ailleurs ces difficiles chaussures et ces gestes figés.
Une abomination, me dites-vous ?
* * *
[…] Georges Auric est l’un des premiers à découvrir la singulière toile : « Il me montra, un dimanche, une toile qui, mis à part un œil d’un dessin et d’un coloris et d’un réalisme absolu, était totalement blanche. Me donnant un pinceau : “ Tu sais, ordonna-t-il après un beau sourire, il va falloir que tu écrives quelque chose là-dessus !” Que faire d’autre à mon tour que d’inscrire une phrase qui devait ressembler, si ma mémoire est exacte à : “ Je n’ai rien à vous dire … ”». *** […]



* Horacio Castellanos Moya, Le dégoût, Thomas Bernhard à San Salvador, éd. Les Allusifs. C. Bourgois, coll. 10/18, 2005.
** Francis Picabia dans les collections du Centre Pompidou, Musée national d’art moderne, Paris, 2003, p. 135. [Présentation de robes au Bœuf sur le toit, décembre 1935].
*** Georges Auric, Quand j’étais là, Paris, Grasset, 1979, p.116. Cité par Didier Ottinger, op. cit., p. 50.