12 juin 2005

Le rastaquouère

Au début des années 20, Picabia bénéficie d’une grande notoriété dans les cénacles littéraires et artistiques parisiens. Grâce à sa situation financière des plus confortables, il évolue à son aise dans les milieux chics de la capitale. Passant sans transition du salon tenu par sa compagne Germaine Everling aux « mardis de Rachilde », des soirées au Bœuf aux premières théâtrales, Picabia paraît se disperser (ce rire dada semble en effet bien mondain) mais parvient surtout à faire se rencontrer des personnalités qu’en apparence tout oppose. Ainsi convie-t-il, pour le vernissage de son exposition de décembre 1920, le jazz-band qu’anime alors Jean Cocteau et qui comptera pour spectateurs Max Jabob, Paul Poiret, l’Ambassadeur de Cuba, Marthe Chenal, Pablo Picasso …Sans aucun doute, être dada ne signifiait pas la même chose pour tout le monde. Alors que ce Rastaquouère peut envisager à tout moment des séjours sur la Côte d’Azur grâce à ses luxueuses voitures, certains, comme Eric Satie, vivent dans des meublés miteux.