Je viens de terminer la lecture de La cinquième saison du monde de Tristan Ranx, un roman qui devrait je l’espère rencontrer ses lecteurs puisqu’il est à mon sens une authentique réussite littéraire.
Marthe Chenal et Gabriel D'Annunzio (Picabia, aquarelle et crayon, circa 1929). ©
Contrairement à ce qui a pu être reproché à l’auteur, La cinquième saison du monde n’est en aucune façon alourdie par des « références historiques et littéraires» car celles-ci sont parfaitement intégrées et maîtrisées grâce à une structure narrative très travaillée – et qui pourtant n’apparaît pas comme telle, signe évident d’une réussite, à l’image de la « Postface » intitulée « La vie et la mort de Guido Keller » qui par ailleurs présente de discrets accents borgésiens. On pense notamment aux recensions littéraires de l’auteur de Fictions. En écrivant un roman en grande partie sur l’Etat libre de Fiume, Tristan Ranx – qui convoque à la fois des hommes qui font partie intégrante de l’Histoire comme D’Annunzio et Guido Keller et des personnages qui se situent à mi-chemin entre fiction et réalité, comme Colossus et Imna Oly (femme fatale du roman ?) – met en scène une TAZ animée par des résistants, des pirates, des libertaires, des poètes et des artistes de la vie.
« Le monde de Keller, cette cinquième saison, est une force en attente et le manuscrit d’Enzo Cellini nous apparaît déjà comme la pierre de Rosette d’une réalité qui se construit aussi dans le monde virtuel. Il ne s’agit pas d’un « deuxième monde » déprimant, mais d’une véritable machine agissant de concert dans la fiction et dans la réalité, renvoyant de point en point à l’existence d’une révolution dadaïste qui se joue de l’Espace et du Temps. »
La cinquième saison du monde, Tristan Ranx, éditions Max Millo.