28 juillet 2005
26 juillet 2005
Tes états d'âme, Erik
24 juillet 2005
Ça, c’est vraiment toi
Quelques éclaircissements
J’avançais dans une note récente que le dommage subi par L’Œil Cacodylate eut peut-être lieu durant le réveillon du 31 décembre 1921 chez Marthe Chenal. Il existe cependant cette autre reproduction 1 du tableau, sur laquelle figurent toutes les contributions (y compris celle de Fatty, la photographie de Man Ray – Femme à la cigarette, circa 1920 – et les deux photographies de la tête de Duchamp) mais avant la « dégoulinade » dont j’ai parlé précédemment. Selon Michel Sanouillet 2, il y eut quatre séances de signature : - chez Picabia, à Neuilly, avant l’exposition de L’Œil Cacodylate au Salon d’Automne (du 01.11.1921 au 20.12.1921,Grand Palais) - après le Salon d’Automne, avant le réveillon Cacodylate, toujours chez Picabia - chez Marthe Chenal, le 31 décembre 1921 au cours du réveillon Cacodylate - à nouveau chez Picabia, après le réveillon Cacodylate et avant la cession du tableau au Bœuf sur le Toit (1923). Au regard de ce qui précède, deux hypothèses sont envisageables : 1) ce cliché date du 31.12.1921 et fut pris juste avant la « dégoulinade »
2) le dommage eut lieu après le réveillon Cacodylate, chez Marthe Chenal, chez Picabia ou dans les murs du Bœuf sur le Toit, ou encore au cours du transport du tableau jusqu’au Bœuf.
J’écarte l’hypothèse d’un dommage survenu en 1967 (année où le Musée National d’Art Moderne achète le tableau) car dans la plaquette d’hommage à Picabia (Francis Picabia 1879.1954) publiée en avril 1955 par la revue Orbes les dégâts sont déjà visibles. 1 In Histoire de la peinture surréaliste, Marcel Jean, avec la collaboration de Arpad Mezei, Seuil, 1959, p.34. La reproduction est de mauvaise qualité (on la retrouve notamment dans Dada surréalisme, Patrick Waldberg, Michel Sanouillet, Robert Lebel, Rive Gauche Production, 1981, p. 301) mais toutes les signatures sont au rendez-vous. 2 In Francis Picabia et 391, Eric Losfeld, 1966, p. 144, note 4.
22 juillet 2005
Il suffirait de presque rien
19 juillet 2005
Le jeu des quatre différences
En 1964, Michel Sanouillet (qui vient de faire paraître une nouvelle édition de son indispensable étude Dada à Paris - à laquelle le nom de ce blog fait directement référence - et que je remercie ici pour son attention et ses précieux conseils) fait paraître, aux Editions L’Œil du temps, une monographie consacrée à Francis Picabia. Y figure, page 37, cette reproduction en noir et blanc de L’Œil Cacodylate (j’avançais précédemment qu’il s’agissait d’un cliché de Man Ray mais je n’en suis plus aussi certain. J’attends des précisions du Man Ray Trust en espérant par ailleurs obtenir l’autorisation de reproduire les photographies de Man Ray présentes sur ce blog) accompagnée du copyright suivant : Paris, coll. Le Bœuf sur le Toit. Sur cette reproduction, antérieure à celle à laquelle je renvoie jusqu’à présent, manque une seule signature, celle de l’acteur américain Roscoe « Fatty » Arbuckle [3]. L’exécrable Maurice Sachs * dans son très incertain Au temps du Bœuf sur le Toit, note la présence de l’acteur à Paris : 1922 (Carnet de Blaise Alias) Le gros et brave Fatty qui était venu faire le gentil sur la tombe du Soldat Inconnu s'est mis un terrible scandale sur les bras à Hollywood. Il a tué une jeune dame en la tournant sens dessus dessous pour rire et l'ayant appuyée par terre sur la tête en lui versant de la glace où les hommes ne se présentent généralement qu'avec chaleur. On va arrêter Fatty et interdire ses films dans tous les Etats-Unis. Difficile, très difficile de recueillir des informations exactes sur la présence, début 1922, de Fatty à Paris. Dans quelles conditions l’acteur a-t-il apposé sa signature ? En présence de Picabia ? Il faudrait que je puisse effectuer des recherches à la BNF, ce qui n’est pas à l’ordre du jour. Quoiqu’il en soit, Fatty n’aura ni violé ni tué la très belle Virginia Rappe (un patronyme pour le moins fâcheux au regard de l’accusation) en septembre 1922 (la starlette mourra en réalité d’une péritonite). L'acteur sera lavé de tout soupçon et acquitté par trois fois au terme d’un procès qui, relayé par la presse à scandale, causera sa perte professionnelle. Cette reproduction, donc, donne à voir L’Œil avant la « dégoulinade », mais également avant les deux collages représentant le crâne de Duchamp [1] tonsuré en comète et entièrement rasé. Le premier collage a été réalisé à partir d’une photo (rarement reproduite) de Man Ray (1921) et le second à partir d’un cliché que je date, sous toutes réserves, de 1919, époque où Duchamp réside à Buenos Aires et où il se fait entièrement raser la tête, comme l’atteste une lettre qu’il adresse à Jean Crotti : […] I lost my hair a while ago but an energetic treatment by Yvonne and my close-shaven cut seems to have saved it for a while.** Cette reproduction permet aussi de lire le commentaire, depuis presqu’effacé, de Man Ray : « directeur du mauvais movies » : point [4]. Six mois auparavant, en juin 1921 précisément, Man Ray signait ainsi une fameuse lettre adressé à Tristan Tzara ***. Enfin, point [2], on remarque le collage partiel d’une photographie, à présent bien connue, de Man Ray.
* Voir l’excellent texte de Thomas Clerc, Maurice Sachs le désœuvré, paru récemment aux éditions Allia.
** Voir Ephemerides on and about Marcel Duchamp and Rrose Sélavy, [09.03.1919], J. Gough-Cooper et J. Caumont, Thames and Hudson, 1993.
*** L’en-tête de cette lettre est ornée d’un photogramme représentant la « baronne » Elsa von Freytag Loringhoven, nue, le pubis rasé, prenant une pose des plus suggestives. Sans doute issu du film (perdu ou détruit) que Man Ray et Duchamp tournèrent en 1921, ce document est la seule trace de cette réalisation au cours de laquelle la « baronne » se rasa devant l’objectif des deux compères.