Pour de multiples raisons, le blog cacodylate est resté en sommeil durant quatre mois. C’est avec le même intérêt porté jusqu’à présent aux signataires de ce « who’s who » 1 des années 20 que je reprends l’écheveau du livre d’or de Picabia.
Reprenons !
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«Le bar Gaya de la rue Duphot n'avait duré qu'une saison. Il ressuscita rue Boissy-d'Anglas sous un nom qui devint vite célèbre, le Bœuf sur le toit. La salle, carrée, était plus vaste que celle du Gaya et se prolongeait dans le fond par un décrochement occupé par le bar et le piano. Au mur pendait l’Œil cacodylate, grand tableau auquel Picabia avait demandé à ses amis de collaborer. Chacun, mis devant la toile avec un pinceau et un pot de ripolin, devait écrire ce qui lui passait par la tête. Les mots "Couronne de mélancolie"
coiffaient la signature de Jean Cocteau. Le pinceau à la main, Valentine avait dit : "Mon cœur bat !
– Ecrivez ça !" dit Picabia. Quant à moi, ne trouvant rien à dire, j'écrivis avec soin mon nom. Cela fait, je murmurai : "Voilà ! – Ecrivez Voilà ", dit Picabia.
Le 10 janvier, le Bœuf ouvrit sa porte peinte en noir. On y accourut des deux rives.» 2
1. William Camfield, cité dans la notice de L’Œil cacodylate in Francis Picabia, singulier idéal, Musée d’Art moderne de la Ville de Paris, 2002, p. 192.
2. Jean Hugo, Le regard de la mémoire, Arles, Actes Sud / Labor, coll. Babel, 1989, p. 209.